dimanche 13 septembre 2009

Alchimie

Léo avait peur et je ne me sentais pas très bien non plus. Je lui proposai de ranger les clichés dans leur boîte, ce qu'il fit, et, après un moment de flottement où nous ne savions plus si nous devions parler ou rester prostrés, Léo pris l'habile décision de tuer définitivement cette mauvaise nuit. Il saisit une bouteille de vodka arménienne qui trainait dans son placard et nous servit 2 verres avec un mélange de résignation et d'énergie. Je me lançai sans hésitation dans cette deuxième vague d'alcool, près à absorber ce qu'il me faudrait pour qu'enfin le monde est ses étrangetés s'aplanissent au moins temporairement.
Nous passâmes les heures qui nous séparaient du matin à tourner autour du pot, à établir des théories qui ne tenaient pas debout dans le seul but de ne pas sombrer dans un sommeil certainement cauchemardesque. Nous avions fermement décidé de nous en remettre à l'âpre parfum de la vodka et notre conversation ne présenta à peu près aucun intérêt.
Je quittai l'appartement de Léo dans le matin frais et humide et réalisai qu'une partie de moi même n'avait pas joué le jeu de la nuit en continuant tout bonnement à tenter de remettre en place les pièces du puzzle. L'air qui me soufflait sur le visage avait comme endormi celui qui venait de boire trop de vodka, tandis que l'autre moi-même refaisait surface et se disait qu'il fallait explorer ce phénomène des photographies. De toute évidence, il y avait un élément clé à comprendre là : soit les photographies représentaient correctement la réalité, soit elles avaient changé. Dans le premier cas, je devais admettre que j'étais fou, ou bien que ma mémoire avait été suffisamment altérée pour que je me considère comme gravement malade, et Léo avec moi. Cette hypothèse avait l'énorme avantage de faire rentrer les propos de Lucie dans le giron de la raison, ou de quelque chose qui s'en approchait. Dans le second cas, le monde autour de moi était en train de se déliter, ou peut-être était-il simplement en mutation, bouleversant les causes et les effet de sorte que je ne pouvais plus m'y fier. Je pouvais alors tout aussi bien envisager de me réveiller un jour dans une autre vie, un autre monde, un autre visage. Ce qui n'était, finalement, qu'une autre forme de folie.
Les perspectives n'étaient pas vraiment optimistes, mais, par chance, un grand soleil balayait les pluies de la nuit et j'aimais ça. Je rentrai donc enfin m'effondrer sur mon lit, espérant vaguement que de cette mystérieuse alchimie faite de vodka, de photographies et de peau grise sortirait un monde apaisé et serein qui n'existait que dans mon souvenir.

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1 commentaire:

  1. deux verres..
    il y avait là un élément clef.. ou il y avait là quelque chose à comprendre..

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